Centre-ville en mouvement lance une exprimentation
Les présidents des régions Hauts-de-France et Occitanie, Xavier Bertrand et Carole Delga, se sont rapprochés de l’association Centre-ville en mouvement pour servir de "territoire d’expérimentation". C’est ce qu’a annoncé le président de l’association, le député Patrick Vignal (LREM, Hérault), mardi 5 juin, lors de la présentation du troisième baromètre du centre-ville et des commerces, aux côtés du ministre de la Cohésion des territoires, Jacques Mézard. L’idée de cette expérimentation serait de trouver des réponses nouvelles aux questions "comment repeupler le centre-ville, comment récupérer des locaux vides, comment ramener de la vie, garder les aînés en centre-ville", a-t-il développé. Car, selon lui, la question du "peuplement" des centres est la mère des batailles à mener. "Cela fait quarante ans qu’aucune décision n’a été prise. Depuis les années 1980 on a oublié les centres-villes et les centres-bourgs", a fustigé le député, rappelant à demi-mots le "deal" passé entre les élus et la grande distribution sur les créations d’emploi. "S’il y a un projet important de cette gouvernance Macron, c’est celui que vous portez", a-t-il dit à Jacques Mézard, en référence au plan "Action cœur de ville" en cours de déploiement dans 222 villes moyennes. "Le centre-ville est un véritable projet de société", a encore martelé le député. "Dans les années 1980, les habitants voulaient sortir pour avoir leur pavillon (…) Aujourd’hui ils ont très envie de revenir", a-t-il assuré, à la veille des Premières assises européennes du centre-ville qui se tiendront à Metz du 6 au 8 juin.
"Centre-ville village 4.0"
A cet égard, le troisième baromètre des centres-villes, réalisé par l’institut CSA auprès d’un millier de Français, montre une prise de conscience du déclin des centres-villes. C’est en effet un sujet de préoccupation pour sept Français sur dix. Une proportion qui grimpe même à 80% pour les villes de 50.000 à 100.000 habitants. Face à cela, ils sont 95% à considérer que la modernisation du centre doit devenir un "objectif important" pour le maire. 53% jugent même que ce doit être "tout à fait prioritaire". Ce qui, selon Julie Gaillot, de l’institut CSA, traduit un "sentiment d’urgence". L’enquête a aussi permis de dessiner le centre idéal pour les Français : ils aspirent à un "centre-ville village" (avec piétonisation des rues, des commerces alimentaires, des transports en commun, des espaces verts…), doté de services connectés (wifi gratuit dans la rue, applications avec horaires de transport, horaires d’ouverture, géolocalisation, écrans digitaux…). Le "centre-ville village 4.0", a résumé Julie Gaillot.
Territoires financiers prioritaires
Pour redynamiser les centres, Centre-ville en mouvement entend aussi proposer à Bercy de créer des "territoires financiers prioritaires" : un travail qui serait mené entre le préfet et les élus locaux pour déboucher sur une "fiscalité lissée" à l’échelle d’un établissement public de coopération intercommunale (EPCI), avec suppression de la taxe foncière pendant six ans. "On redonne de la justesse", a plaidé Patrick Vignal, rappelant qu’entre 900 et 1.000 villes sont aujourd’hui en "grande difficulté". Mesure qui permettrait de faire revenir les professions libérales, comme les médecins, mais aussi les notaires, qui ont quitté le centre, souvent suite à la création de zones franches urbaines.
Le député qui, il y a peu, défendait l’idée d’un moratoire sur les installations de grandes surfaces, s’est rallié depuis à la position du gouvernement sur le sujet. Dans le projet de loi Elan en cours d’examen, celui-ci a privilégié l’idée de moratoire ponctuel pris sur décision du préfet. "C’est une excellente idée", a déclaré le député, expliquant qu’il fallait examiner chaque situation locale. Ce que permet le plan Action cœur de ville en faisant du "cousu main".
"Certains maires sont à côté de la plaque"
Patrick Vignal s’est par ailleurs dit "entièrement d’accord" avec certaines dispositions de la proposition de loi sénatoriale Bourquin-Pointereau qui passera en séance le 11 juin, notamment la création d’une taxe contre l’artificialisation des sols pour pénaliser les parkings des grandes surfaces. Alors que les sénateurs entendent redonner des responsabilités aux élus, le député a apporté un bémol. "Il faut faire confiance aux maires mais certains sont à côté de la plaque", a-t-il jugé, prenant là encore exemple sur leurs relations à la grande distribution, ("tant que je suis là, je vous protège"). Ou encore sur la main lourde de certains d’entre eux depuis qu’ils ont en charge la verbalisation du stationnement (depuis le 1er janvier pour les 400 plus grandes villes) en ayant recours à des sociétés privées. "Je n’augmente pas les impôts mais je fais tout pour que les gens ne viennent plus en centre-ville", a ironisé le député.
Interpellé au sujet du méga-projet d’Europacity - le gouvernement ayant récemment fait appel de la décision du tribunal administratif de Cergy-Pontoise du 6 mars annulant de l’arrêté préfectoral créant la zone d’aménagement concerté (ZAC) devant accueillir le projet - Jacques Mézard a indiqué que "l’Etat assume ses responsabilités". Concernant l’idée d’aligner les entrepôts utilisés par les géants du commerce en ligne comme Amazon sur l’urbanisme commercial, le ministre a estimé qu’il ne fallait "pas multiplier les règles". "Je n’ai pas la solution", a-t-il reconnu.
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