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avec ses Sport stations, l'UCPA innove et investit la ville


Les équipements sportifs sont-ils en train de connaître une révolution à la hauteur de ce que fut celle de l'entre-deux-guerres, quand les pouvoirs publics décidèrent d'investir largement dans des stades, piscines et gymnases pour favoriser l'essor du sport de masse ? On pourrait le penser. Dans cette hypothèse, 2020 restera à coup sûr comme l'année 0, le point de départ  de cette révolution. Au second semestre, deux multiplexes sportifs vont voir le jour à Meudon (Hauts-de-Seine) et Reims (Marne). Mercredi 26 février, lors d'une rencontre intitulée "Aménager la ville et inventer le sport de demain", l'association UCPA a présenté à Paris les deux premiers projets baptisés "Sport stations" dont elle est porteuse.
Qu'est-ce qu'un multiplexe sportif ? Pour Guillaume Legaut, directeur général de l'UCPA, trois principes définissent ce nouveau type d'équipement : "Il s'agit de faire vivre une expérience différente de la pratique sportive en ville. C'est une vraie destination où l'on peut passer d'une activité à l'autre sans barrière. Il y a une transversalité entre les espaces. Deuxième élément fort : ce sont des sites vraiment ouverts à tous. Il y a aussi bien des gens qui viennent s'initier que des gens plus experts qui viennent s'entraîner. Troisième élément : ce sont des lieux où l'on va vivre une vraie aventure."

D'une activité à l'autre

La possibilité de passer d'une activité à l'autre est la marque de fabrique des Sport stations. A Meudon, le multiplexe s'étendra sur 8.500 m² et comprendra entre autres une patinoire, un espace de forme et fitness, une zone de squash et de padel et un parcours accrobranche. Sur le parvis, une patinoire d'hiver, des modules de glisse et un parcours de bosses pour vélo et rollers pourront être installés. Ailleurs, une piscine côtoiera un mur d'escalade ou un practice de golf. Pour faciliter le passage entre les espaces de pratique intérieur et extérieur, l'architecture jouera un rôle primordial : les sites de Meudon et de Bordeaux-Brazza, prévu pour 2022, jouent sur la transparence et l'ouverture. "Les gens à l'extérieur pourront voir l'activité à l'intérieur, et les gens en activité pourront voir la ville", se réjouit Guillaume Legaut. Autres particularités de ces nouveaux lieux : une ouverture sept jours sur sept et un haut niveau de services, à travers des espaces de restauration, la location de matériel, des salles de séminaires et des animations pour les enfants dont les parents sont occupés par leurs propres activités sportives.

Investisseurs de l'économie sociale et solidaire 

Si la révolution du multiplexe sportif tient dans le lieu et la façon dont il va vivre, elle se situe également au niveau du financement. Qu'il s'agisse d'une concession publique, comme à Reims, ou d'un aménagement privé au sein d'une zone d'activités en développement, comme à Meudon ou Bordeaux-Brazza, le financement est assuré par l'UCPA et ses partenaires. "Projet par projet, nous montons des groupements avec différents partenaires, explique Guillaume Legaut. La Caisse des Dépôts est un partenaire important et historique de l'UCPA, mais elle a pour politique de ne jamais intervenir seule. Le défi pour nous a été de trouver d'autres investisseurs de l'économie sociale et solidaire." Au total, l'UCPA mobilise près de 150 millions d'euros sur quatre ans pour neuf projets. Si celui de Reims est le plus important, avec près de 50 millions d'investissement, d'autres se situent sous la barre des 20 millions.
A l'origine de chaque projet, il y a la volonté d'une collectivité… qui ne souhaite souvent qu'un seul type d'équipement sportif. A Meudon, il n'était au départ question que d'une patinoire, et à Reims que d'une piscine. Mais l'idée de multiplexe sportif a vite séduit les élus. A Meudon, où la Sport station s'inscrit dans le cadre d'un nouveau "morceau de ville" labellisé "Ecoquartier innovant" par le conseil régional d'Ile-de-France, "le concept était d'autant plus adapté qu'il était lui-même novateur dans un quartier qui se veut novateur", explique le maire de Meudon, Denis Larghero. Dans ce cas précis, la proposition de l'UCPA a rempli de nombreux objectifs. Il y avait tout d'abord un enjeu de remise à niveau et de recomposition de l'offre sportive, mais aussi un double enjeu d'attractivité : d'une part en direction des 3.000 nouveaux Meudonnais attendus dans les trois prochaines années sur ce site, et d'autre part vis-à-vis des entreprises qui ont vocation à rejoindre cette zone d'emplois, à l'exemple de Dassault systems qui vient de signer pour 8.000 m2 supplémentaires.

Positionnement associatif

Si les projets sont montés en étroite collaboration avec les collectivités sur le volet aménagement, il en est de même pour la future exploitation. "Contrairement à un projet de logements que l'on revend, l'équilibre économique d'un équipement sportif est très précaire. Toutes les parties prenantes sont donc mobilisées", pointe Guillaume Légaut. Ici, le projet privé rejoint l'intérêt général. "Notre but est de donner au plus grand nombre l'accès à des activités sportives dans une logique éducative, soutient Guillaume Légaut. On va évidemment faire des propositions en termes d'activités et de tarification dans une logique d'accessibilité pour le plus grand nombre. Ces équipements seront ouverts à tous, y compris sur le plan économique. Nous ne cherchons pas à faire du profit." A Meudon, cette dimension sociale a pesé dans la balance au moment de choisir parmi les projets proposés. "L'UCPA n'est pas n'importe quel exploitant, confirme Denis Larghero. Elle a une histoire et un positionnement associatif dans la pratique sportive, tourné vers tous les publics, avec la transmission de valeurs dans lesquelles la collectivité s'est retrouvée. L'UCPA a un modèle économique particulier, une gouvernance particulière. C'est aussi cela qui nous a intéressés."
Tournées vers tous les publics, les Sport stations le seront assurément. Chaque projet implique une discussion avec la collectivité pour prendre en compte les besoins du territoire, qu'il s'agisse de l'accès des scolaires, des clubs, des sportifs de haut niveau ou de certains publics spécifiques avec, à la clé, des créneaux horaires réservés ou une tarification adaptée. A Meudon, la ville prendra notamment à sa charge un certain nombre d'heures de glace pour ses clubs.

Modèle à suivre ?

Le multiplexe porté par un acteur privé est-il l'avenir de l'équipement sportif ? "Nous amenons une capacité à optimiser en investissement ou en fonctionnement, plaide Guillaume Légaut. On peut par exemple faire beaucoup d'économies quand on a une bonne expérience des dépenses énergétiques." De son côté, Denis Larghero estime que sa ville "n'aurait pas pu produire un équipement de ce niveau". Et l'élu de conclure : "Au regard de l'enjeu de gestion et de la nature de cet équipement, il était évident qu'un professionnel s'imposait par rapport à ce besoin de multiactivité assumé. Cela s'imposait aussi en termes de vision, d'évolution. Nous n'avons pas l'expertise, la malléabilité dans nos collectivités pour anticiper ou expérimenter des pratiques et piloter des vaisseaux de cette dimension. Cela me paraît être un modèle qui a de l'avenir." Un avis enthousiaste et tranché qui n'a pas empêché la ville de Meudon et le département des Hauts-de-Seine d'investir pour leur propre compte dans un tout nouveau terrain de football qui sera situé… sur le toit de la Sport station.

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Lynna Burgamy

Update: 2024-10-17