"Attention ne pas tomber dans l'amalgame !", nuancent les spcialistes des finances locales
"La crise financière, aujourd'hui c'est la crise bancaire, ce n'est pas la crise des collectivités locales, dont la situation financière est satisfaisante." Jean-Christophe Moraud, sous-directeur des finances locales à la Direction générale des collectivités locales (DGCL), veut tordre le cou aux fausses vérités entendues ou lues ces derniers temps. Le 22 octobre, lors d'une journée organisée à Paris par l'Association des petites villes de France (APVF) sur le projet de loi de finances pour 2009, le représentant de l'Etat a ajouté que la crise aura quand même des conséquences sur le secteur public local. En particulier "une restriction et un renchérissement du crédit". A partir de la mi-novembre, "la question des liquidités" pourrait se poser pour les collectivités avec plus d'acuité encore qu'actuellement. La fin de l'année est en effet une période où, traditionnellement, les collectivités recourent davantage à l'emprunt. C'est "quelque chose sur lequel on travaille", a indiqué Jean-Christophe Moraud.
Le fonctionnaire a regretté la mise en cause des produits structurés devenus sous la plume de certains journalistes des "produits toxiques". "Comme si les collectivités locales s'étaient adonnées aux délices des subprimes !", s'est-il étonné. "Avec les produits structurés, il n'y a pas de risque, si ce n'est un renchérissement des prix", a-t-il ajouté avant de s'en prendre aux élus qui, ayant souscrit ce type de crédits, "omettent de dire que durant les premières années, ils ont eu des gains de l'ordre de 100 à 120 points de base, et mettent aujourd'hui en avant le risque qu'il y aurait pour l'avenir". Les élus présents à la table-ronde ont d'ailleurs reconnu que leurs collectivités avaient effectivement tiré parti des taux avantageux procurés en début de période par les produits structurés.
"L'arbre qui cache la forêt"
Dans le même esprit, Philippe Laurent, vice-président de l'Association des maires de France, a déclaré qu'il fallait "prendre bien garde à l'amalgame" qui a été fait entre la situation des collectivités locales et celle des établissements bancaires. Les 5 milliards promis lundi par le gouvernement ne sont pas destinés "à sauver les collectivités de la faillite", a-t-il indiqué. "Le seul risque" de la crise financière, c'est que le crédit "coûte plus cher" aux collectivités, a-t-il déclaré, en ajoutant d'ailleurs qu'il n'était "pas certain que cela dure". Pour Philippe Laurent, la crise financière est "l'arbre qui cache la forêt". Celle-ci étant en fait "la question des moyens financiers pérennes". Face à la réduction extrême des marges de manoeuvre des collectivités, qui constituerait ainsi le vrai problème des collectivités, le vice-président de l'AMF ne voit qu'une seule solution : la réforme de la fiscalité locale. "Pour être présent à différents groupes de travail, je suis convaincu que cela va bouger !", a-t-il conclu.
Compte tenu du contexte, "les collectivités locales vont-elles devoir réduire leurs investissements ?", se sont interrogés les élus des petites villes. Les caisses d'Epargne ont apporté un début de réponse en livrant les résultats de leurs simulations. Compte tenu de leurs difficultés de financement d'une part, de l'augmentation des prix d'autre part, et du cycle électoral enfin, l'investissement public local pourrait progresser de 1% en 2008 et en 2009, selon les prévisions du groupe bancaire. Sur la période 2010-2013, il pourrait croître à un rythme plus élevé, de l'ordre de 4,5%.
Thomas Beurey / Projets publics
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